mardi 26 avril 2011

Pourquoi je cours, III

Prophylactique
(été 2010, avril 2011)

La lutte contre le stress n’est à vrai dire pas exactement ce qui me poussa à (re)nouer sérieusement avec la course à pied. En fait, courir est une décision d’investisseur. À l’aube de la trentaine (j’avais 31 ans), j’ai décidé d’investir dans ma santé. Une décision toute rationnelle qui constitue la meilleure façon d’appréhender sans paniquer le jogging comme une activité régulière (au grand minimum trois fois par semaine) et à long terme (jusqu’à ce que les jambes m’en tombent).

 
Je m’en souviens très bien, c’était en juin 2009. Les enfants étaient partis pour une semaine ou deux avec leur père chez les grands-parents, à 1 000 kilomètres de moi. Je me devais de profiter de cette paix rare et précieuse et ne pas la gaspiller en des heures trop oiseuses. Bouger et profiter du beau soleil étaient au programme. Je démarrai sans doute par trente ou quarante minutes de footing qui me parurent fort agréables et, ma foi, pas difficiles. De quoi me donner envie de ne pas en rester là. Dans ces mêmes jours, j’eus avec ma mère une conversation dont je me souviens très bien. Elle me désignait une coureuse sur la piste d’athlétisme en m’expliquant qu’elle se remettait d’un cancer, elle me fit ensuite une liste d’amis touchés par la maladie pour conclure que, dans son entourage, ceux qui pratiquaient le sport étaient, non pas épargnés par la maladie et les effets de l’âge, mais mieux armés que les autres pour les combattre. Probablement en raison de leur condition physique générale, d’un mental plus combattif, de leur besoin de revenir ou de rester en activité et par leur hygiène de vie globalement meilleure. 

 
Ma mère est elle-même percluse d’arthrose, à tel point qu’après un examen sa radiologue se mit à la plaindre sincèrement pour l’enfer dans lequel la douleur devait la plonger. En effet, un individu appartenant au Reste du monde souffrirait atrocement, ma mère non. Pour les sceptiques qui pourraient facilement blâmer la course à pied de calciner les corps, précisons que sa sœur jumelle, sa « vraie » jumelle, autant dire son clone, sans avoir jamais couru, souffre des mêmes maux, qu’on ne saurait donc attribuer à des décennies de jogging. Ma mère a comme sa jumelle le dos parfois douloureux et des pieds aux étonnants contours.

 
Mes parents courent depuis trente ans. Ont couru pendant trente ans, dois-je corriger en cet avril 2011 (car entre temps mon père nous a quittés, comme je lui en veux). J’aimerais après trente ans de course à pied me porter comme ma mère se porte et comme mon père se portait. Tant de bénéfices valent bien quelques tendinites et des ménisques en dentelle. 

 
Et notez encore ceci, s’il vous plaît, sur la liste des bénéfices physiques de la course à pied. En plus d’être en forme et de se préparer à le rester, le coureur peut sans trop de conséquences s’adonner aux plaisirs de la chère. Les calories sont une énergie que le coureur absorbe et dépense sans compter. Vraiment, avec cet argument, je ne sais ce qui retient le Reste du monde. Peut-être sent-il confusément qu’à ce régime on ne peut plus vraiment se permettre d’arrêter de courir ? Car l’appétit vient en courant mais ne repart pas quand on ne court plus, pas tout de suite en tout cas. Vous avez commencé à courir ? Vous êtes condamnés ou à continuer ou à une diète éternelle.

7 commentaires:

  1. Vraiment très chouettes ces textes, et pas si mal peignés que ça. Ou alors si ton premier jet est aussi gominé, qu'est-ce que ce sera après la mise en plis !
    Au plaisir de lire la suite...

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  2. Merci Julie! (Gominé, c'est le mot! Mon auto-critique me dit d'ailleurs qu'ils ne le sont que trop...) À bientôt pour la suite alors. Tu reviendras, hein?

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  3. De mon côté, il semble que courir 10km pour aller travailler suscite l'admiration "quel courage !?" alors que c'est simplement un tel plaisir, voir une nécessité: arriver détendu, plein d'énergie au lever du soleil !

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  4. le coureur peut sans trop de conséquences s’adonner aux plaisirs de de la chère... euhhh.... de la chair, je présume...

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  5. Cher correcteur anonyme, je citerai le Robert (le Petit):
    Chère n. f.: Faire bonne chère : faire un bon repas

    Mais les plaisirs de la chair aussi, y a pas de raison.

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  6. Chère Dame mollets, vous tenez là un bien bel argument et je dois me résoudre à m'excuser platement d'avoir mis en doute votre expertise de la langue française....

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  7. Mais je vous en prie, cher correcteur anonyme, je m'y suis moi aussi souventes fois laissé prendre.

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